jeudi 30 avril 2015

Pour une contre réforme du collège



C’est en discutant entre amis que nous est venue cette idée : proposer une contre réforme du collège.
Nous déplorons les orientations des nouveaux programmes, nous nous récrions de la moindre place accordée au savoir dans l’institution publique, nous rions nerveusement des délires pédagogistes et observons impuissants le succédané d’instruction imposé aux jeunes générations.
Mais, à ce jour, nous n’avons jamais lu de contre proposition véritable.
En voici donc une.
Cet article devrait commencer par un état des lieux de l’enseignement secondaire en France. Nous nous en passerons tant il est aujourd’hui sans appel.
Prenons cependant aux mots le ministère de l’éducation nationale qui désigne le collège comme «maillon faible» du système français et qui annonce souhaiter faire des enseignements élémentaires une priorité, tout en réduisant les contenus disciplinaires et les volumes horaires.
Dans notre conception de l’instruction, le collège se doit à la fois d’être très ambitieux et de bien préparer les jeunes adolescents à la suite de leur scolarité, mais sans perdre de vue qu’il s’agit justement de jeunes personnes.
Nous insistons ici sur les deux axes au cœur de cette contre réforme : la primauté des savoirs et l’explicitation des attentes implicites de l’école1.
Pas d’interdisciplinarité, de projets personnels encadrés, d’élève au centre de la construction des savoirs ou autres EPI donc dans notre projet. Il s’agit ici de pratiques certes louables chez un individu déjà formé et instruit, mais qui n’a aucun sens chez un enfant de onze ans qui ignore encore légitimement presque tout des disciplines qu’il aborde.
Nous constatons, sans trop nous étendre ici, que nous abandonnons notre modèle d’école pour un autre modèle. Nous finissons de délaisser le modèle de l’école latine dont nous avions hérité et que nous avons connu durant des siècles avec un succès certain, pour adopter un modèle d’école anglo-saxon construit autour d’activités et non de cours, autour de skills2 et non de savoirs.
Nous refusons ce choix, et réaffirmons la primauté des savoirs dans la formation de la jeunesse. Nous prétendons que sans un apprentissage long et exigeant de la langue française rien n’est possible. Nous soulignons le rôle des humanités dans la formation de l’esprit, y compris scientifique.
Voici donc un début de projet de contre réforme du collège.
De la sixième à la quatrième
Nos objectifs sont très clairs. Pour tout élève de fin de quatrième (quatorze ans) nous voulons:
  • Qu’il maîtrise parfaitement les règles grammaticales élémentaires et l’orthographe de la langue française. Qu’il sache lire sans aucune difficulté. Qu’il ait un vocabulaire important.
  • Qu’il ait connaissance des faits historiques et géographiques élémentaires (Histoire de France événementielle, chronologies, cartes, etc.).
  • Qu’il bénéficie d’un enseignement des mathématiques logique et exigeant (résolutions de problèmes, géométrie, calcul mental, théorèmes, etc.) le préparant efficacement à l’apprentissage des autres sciences.
  • Qu’il soit capable de tenir une conversation simple dans une langue vivante étrangère et de lire un texte simple. (2000 mots de vocabulaire, étude de la grammaire exhaustive, conversation)
Seulement une fois ces savoirs acquis, l’élève sera capable de poursuivre des études secondaires sereinement, de tirer pleinement profit de son intelligence et de découvrir de nouvelles disciplines.
Il n’y a rien d’utopique dans ce programme.
En prenant une base de 28h hebdomadaires d’enseignement, comparable aux 27.5h du collège unique, voici ce que nous proposerions de la sixième à la quatrième (nous parlerons de la troisième plus tard) :
Volume horaire de la sixième à la quatrième

Contre réforme
Collège
Français
8h
4.5h
Histoire-Géographie
6h
3h
Langue vivante 1
4h
3h
Mathématiques
6h
4h
Latin
4h
néant
Langue vivante 2
néant
2.5h
Technologie
néant
1.5h
Musique
cf. mesure annexe
1h
Arts plastiques
cf. mesure annexe
1h
EPS
cf. mesure annexe
4h
Physique
néant
1.5h
Biologie
néant
1.5h
TOTAL
28h
27,5h
L’enseignement de la langue française est ici fortement renforcé. Les élèves y apprendront la lecture, la grammaire, les conjugaisons et l’orthographe avant toute autre chose, de façon raisonnée, exhaustive et exigeante. Aucune leçon ne sera jamais laissée de côté une fois achevée. Les travaux d’écriture seront évalués sur leur forme autant que sur leur sens. La littérature sera un agrément plaisant et à visée édifiante.
Quatre heures de latin pour tous les élèves permettront de renforcer la syntaxe et la logique des élèves, tout en enrichissant leur vocabulaire. Le thème et la version seront deux exercices pratiqués couramment. L’histoire de l’Antiquité sera abordée au sein de cet enseignement, transmettant ainsi les bases du savoir humaniste.
La première langue ne sera pas obligatoirement l’anglais. La grammaire de la langue sera étudiée méthodiquement et le vocabulaire construit de manière raisonnée.
Il paraît nécessaire de doubler le temps alloué à l’Histoire et à la Géographie. L’enseignement de l’Histoire se fera de manière chronologique afin d’offrir un cadre de compréhension du monde, ce qui n’interdira en rien la réflexion. Les approches thématiques sont donc abandonnées.
Les élèves y apprendront l’histoire de France du Vème au XIXème siècle. Les savoirs objectifs primeront l’analyse qui sera réservée aux classes supérieures.
En Géographie, les adolescents apprendront les bases de la géographie humaine nécessaires à la compréhension de l’histoire, et plus tard de l’économie.
L’enseignement des mathématiques sera grandement renforcé. Seront enseignées toutes les bases nécessaires à la pratique des sciences et à la vie courante. Les aspects technique, calculatoire et logique ne seront pas dédaignés.
Si l’enseignement des arts et du sport disparaît du collège, il sera cependant obligatoire de pratiquer deux de ces activités au sein d’une structure spécialisée : club de sport, école de musique ou école de beaux arts.

Voici ainsi à quoi ressemblerait l’emploi du temps hebdomadaire d’un collégien de la sixième à la quatrième :
jhdhdfgh
Pas de classe le mercredi afin de se reposer et de pratiquer des activités sportives et artistiques.
Classe le samedi matin.
Deux heures d’étude surveillée chaque soir permettront aux élèves d’apprendre leurs leçons. Ces heures seront obligatoires pour tout élève en difficulté. Ces heures d’études seront dirigées par les professeurs de l’établissement.
Les élèves présenteraient le brevet en fin de quatrième.
Une orientation vers des voies professionnelles (CAP, apprentissage.) serait possible au sortir de la classe de quatrième si l’élève a obtenu le brevet.
La troisième
Il s’agirait d’une classe préparant à un lycée dont il faudrait aussi faire la contre réforme.
Volume horaire de la classe de troisième

Contre réforme
Collège
Français
4h
4h
Histoire-Géographie
4h
3,5h
Langue vivante 1
4h
3h
Mathématiques
4h
3,5h
Latin et Grec
2h+2h
néant
Langue vivante 2
4h
2,5h
Technologie
néant
1,5h
Musique
néant
1h
Arts plastiques
néant
1h
EPS
néant
3h
Physique
2h
1,5h
Biologie
2h
1,5h
TOTAL
28h
26h

Les stratégies pédagogiques resteraient les mêmes qu’exposées précédemment, cependant :
L’enseignement du Français se tournerait désormais vers l’étude de la littérature et de l’histoire littéraire tout en continuant de renforcer la maîtrise technique de la langue.
L’Histoire et la Géographie auraient pour objet l’étude du XXème siècle. On introduirait de manière raisonnable des sujets de réflexion.
Les élèves débuteraient une deuxième langue vivante et découvriraient le grec ancien tout en poursuivant le latin.
Les sciences physiques et la biologie seraient enseignées dans l’optique du lycée.
Nous voulons croire qu’ainsi, il serait possible de voir se construire un collège répondant aux aspirations de la population française : un collège qui donne à ses enfants les savoirs nécessaires à la compréhension du monde tout autant qu’à la poursuite d’études ; un collège offrant suffisamment de maîtrise de la langue pour permettre à tout élève de lire un texte par lui-même et d’être ainsi autonome dans ses apprentissages futurs ou dans sa vie adulte.
Nous voulons croire que le désamour et le dédain des jeunes générations pour l’institution scolaire proviennent avant tout de la démission de cette dernière. Nous sommes certains que les enfants des classes populaires méprisent une école qui leur fait croire à l’intégration sans leur donner les armes pour combattre les déterminismes sociaux. Comment estimeraient-ils une école qui n’a même pas réussi à leur apprendre à lire et à écrire ?
Nous voulons aussi croire que cette contre réforme salutaire profiterait autant à la société qu’à la recherche universitaire.

Lassés de ne rien faire et de déplorer le monde comme il va, et persuadés qu’il est devenu impossible de se battre au sein de l’institution publique pour faire entendre la voix du bon sens, nous avons désormais la détermination de créer un premier collège hors contrat (à but non lucratif), libre d’appliquer les méthodes d’instruction que nous avons ici exposées.
Tout reste à faire : réfléchir encore, construire précisément les programmes, trouver les financements, les locaux, etc.
Nous échouerons peut-être, mais nous avons pour ambition de prouver que le déclin de notre instruction nationale ne répond à nulle fatalité autre que celle de notre résignation.

1Il s’agit de faire apparaître très clairement les attentes de l’enseignant, de dire sans détour ce qui est important dans un cours. Cela semble évident, mais ne l’est pas. Voir par exemple :
2Terme de l’OCDE traduit par «compétences».

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 En écho à cette contre réforme : par Alinéa (sur Agoravox) >>>
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Lire également : Pourquoi les socialistes haïssent-ils les professeurs ? Par Denis Collin, décembre 2013

mardi 28 avril 2015

Molière nous l’avait dit

 Lu sur  le Blog de Nathalie MP 

Les réseaux sociaux, et même la presse la plus conventionnelle, se sont bien amusés cette semaine en découvrant les nouveaux programmes scolaires prévus pour la rentrée 2016. Ces derniers sont en effet truffés d’expressions compliquées d’apparence ultra-savante qui donnent à la moindre activité scolaire un vernis hautement intellectuel, et surtout prétentieux, à défaut de proposer un contenu de connaissances effectives.
Sous le titre « Les nouvelles perles de la novlangue pédagogiste », Le Figaro nous en a fait une petite recension amusante. Ainsi, l’apprentissage des langues étrangères et régionales, n’oublions pas les régionales, se propose d’aider les élèves à « aller de soi et de l’ici vers l’autre et l’ailleurs. » C’est mignon, c’est poétique, c’est métaphysique. Pour un enseignement plus classique dans le style « Whose car is it ? It’s John’s », on repassera. 
En Education physique et sportive (ou EPS), les élèves sont invités à « traverser l’eau en équilibre horizontal » dans un « milieu aquatique profond standardisé. » Ca a l’air difficile, hostile et périlleux. Il parait que ça veut dire nager dans une piscine, tout simplement. Si l’on mêle, comme l’a fait malicieusement et judicieusement Pont d’Arcole sur Twitter, les différents sabirs administratifs qui font fureur depuis quelques temps, au gré de l’évolution des lois et des programmes, on obtient à peu près ça : 

"Parent 1, le référentiel bondissant est tombé dans le milieu aquatique profond standardisé" "Papa, le ballon est tombé dans la piscine"

Toute ressemblance avec ce court extrait des Précieuse ridicules, dont Molière aurait fait aujourd’hui un tweet à succès, serait naturellement purement fortuite :
MAROTTE (Servante) – Voilà un laquais, qui demande, si vous êtes au logis, et dit que son maître vous veut venir voir.
MAGDELON (Précieuse ridicule) – Apprenez, sotte, à vous énoncer moins vulgairement. Dites : « Voilà un nécessaire qui demande ; si vous êtes en commodité d’être visibles. »
Par ma foi, il y a plus de quarante ans que je « traverse l’eau etc…, » sans que j’en susse rien, pourrais-je dire à la manière du Bourgeois gentilhomme. En lisant l’article du Figaro, je n’ai pu m’empêcher de penser à Monsieur Jourdain, tout étonné d’apprendre qu’il s’exprimait en prose à la perfection quand il demandait à sa bonne, Nicole, de lui apporter ses pantoufles et son bonnet de nuit. Tout étonné également d’apprendre que « Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour » est finalement la meilleure tournure possible pour écrire un billet doux à sa belle, alors que « Vos yeux beaux d’amour me font, belle Marquise, mourir » serait sans doute plus dans le goût « transversal » et « spiralaire » de l’Education nationale d’aujourd’hui.
Monsieur Jourdain peut donc s’extasier à loisir sur ses capacités : « Je n’ai point étudié, et j’ai fait cela tout du premier coup. » Voilà exactement ce que le pédagogisme actuel tend à nous faire accroire. Il ne s’agit nullement de mettre le savoir au coeur de l’enseignement afin de doter les élèves de connaissances solides. C’est au contraire l’élève qui va auto-générer ses savoirs, avec les merveilleux résultats que l’on sait, au fil des enquêtes PISA qui portent pourtant plutôt sur les sciences, les mathématiques et la compréhension de l’écrit.
Dans Le Bourgeois gentilhomme, Molière nous fait passer deux autres messages très intéressants en rapport avec la réalité sociale, politique et économique la plus contemporaine.
1. Les Maîtres ont beau être des Maîtres, ils sont d’une jalousie extrême quant à leur art et quant à leur façon personnelle de l’aborder. Rien n’est plus beau, ni plus adéquat que la matière qu’ils pratiquent et enseignent, et dans cette matière, leur méthode et leur compréhension est la meilleure. Leur partialité est telle qu’il ne leur faut que quelques minutes pour en venir aux mains et se battre comme des garnements de cour de récréation, Maître de Philosophie compris, alors que ce dernier a commencé par faire la morale à ses confrères sur le mode : « Un homme sage est au-dessus de toutes les injures qu’on lui peut dire ; et la grande réponse qu’on doit faire aux outrages, c’est la modération, et la patience. » 
On pense immédiatement au cloisonnement extrêmement serré qui existe entre les différentes branches de la recherche universitaire, qui aboutit trop souvent à rejeter des étudiants de valeur au motif que leur sujet de recherche n’est pas parfaitement raccord avec la définition du département et à les pousser vers des universités étrangères plus ouvertes. On pense aux professeurs du secondaire chez lesquels on a pu observer le peu de cas qu’ils font les uns des autres si leur matière n’est pas concernée. Lors d’une tentative de réforme des filières S et ES sous le précédent quinquennat, les professeurs d’Histoire ont jugé intolérable que leur matière ne soit pas enseignée jusqu’au Bac en section S tout en se fichant pas mal que ce soit le cas de la SVT pour la section ES. On pense aussi aux pugilats verbaux assez fréquents qui éclatent sur les plateaux de télévision entre experts divers et variés, ainsi qu’aux campagnes de dénigrement qui tombent sur un malheureux chercheur qui s’éloigne des canons autorisés.
2. Les Maîtres ont beau être des Maîtres, il faut bien vivre. Le Maître à Danser se plaint au Maître de Musique que leur élève ne soit guère versé dans les arts qu’ils doivent lui enseigner :
MAÎTRE DE MUSIQUE – Il est vrai qu’il les connaît mal, mais il les paye bien ; et c’est de quoi maintenant nos arts ont plus besoin, que de toute autre chose.    (…)
MAÎTRE À DANSER.- Il y a quelque chose de vrai dans ce que vous dites ; mais je trouve que vous appuyez un peu trop sur l’argent ; et l’intérêt est quelque chose de si bas, qu’il ne faut jamais qu’un honnête homme montre pour lui de l’attachement.
MAÎTRE DE MUSIQUE.- Vous recevez fort bien pourtant l’argent que notre homme vous donne.
En langage des manifestations syndicales du XXIè siècle, cela veut dire : « La culture n’est pas une marchandise » suivi tout aussitôt de « Plus de moyens pour la culture. » Nos moyens, bien sûr, sonnants et trébuchants, à aligner sans condition.
Sans condition et si possible sans trop comprendre. Il serait terrifiant qu’un citoyen se mette en tête de vouloir vérifier ce que les Maîtres font. Chez Molière, les maîtres sont parfois des Médecins, d’illustres Médecins. Par exemple Messieurs Diafoirus père et fils, médecins du Malade imaginaire. Le fils est un idiot patenté, qui répète comme un perroquet les diagnostics absurdes de son père et le père est un petit affairiste soucieux de n’avoir affaire qu’à des clients du « public », c’est à dire des gens ordinaires sans trop d’instruction, afin de n’être point confronté à des exigences extravagantes telles que les guérir par exemple. C’est tout à fait le genre de « public » que nos hommes politiques adorent. Il serait du dernier fâcheux que les électeurs se mettent à exiger que les politiques publiques lancées à grands frais donnent des résultats :
MONSIEUR DIAFOIRUS – (…) Le public est commode. Vous n’avez à répondre de vos actions à personne, et pourvu que l’on suive le courant des règles de l’art, on ne se met point en peine de tout ce qui peut arriver. Mais ce qu’il y a de fâcheux auprès des grands, c’est que quand ils viennent à être malades, ils veulent absolument que leurs médecins les guérissent.
Moralité : soyons moins « public », soyons « grands ».
Rien de tel qu’un langage bien obscur pour éviter toute curiosité mal placée. Le latin d’hier, pratiquement éradiqué des nouveaux programmes scolaires, a été avantageusement remplacé par le jargon de la finance et de l’économie (quantitative easing, pacte de stabilité…) et celui d’internet (FAI, boîtes noires, hébergeurs, principe de proportionnalité…) sans que nos hommes politiques en soient forcément plus instruits que nous, ou plus instruits que Sganarelle ne l’était en médecine et en latin. S’ils se trompent, l’argument d’autorité est censé fonctionner : ils ont changé tout cela car ils sont les forces de progrès et nous ne sommes que des ignorants. Et hop, la Loi Renseignement va passer comme une lettre à la poste.
SGANARELLE, en faisant diverses plaisantes postures – Cabricias arci thuram, catalamus, singulariter, nominativo hæc Musa, « la Muse », bonus, bona, bonum, Deus sanctus, estne oratio latinas ? Etiam, « oui », Quare, « pourquoi ? » Quia substantivo et adjectivum concordat in generi, numerum, et casus.
GÉRONTE – Ah ! que n’ai-je étudié ! (…)
SGANARELLE – Or ces vapeurs, dont je vous parle, venant à passer du côté gauche, où est le foie, au côté droit, où est le cœur, (…)
GÉRONTE – On ne peut pas mieux raisonner sans doute. Il n’y a qu’une seule chose qui m’a choqué. C’est l’endroit du foie et du cœur. Il me semble que vous les placez autrement qu’ils ne sont. Que le cœur est du côté gauche, et le foie du côté droit.
SGANARELLE – Oui, cela était, autrefois, ainsi ; mais nous avons changé tout cela, et nous faisons maintenant la médecine d’une méthode toute nouvelle.
GÉRONTE – C’est ce que je ne savais pas : et je vous demande pardon de mon ignorance.
Dans ces conditions, le « milieu aquatique profond » ne donne plus tellement envie de rire. On comprend mieux ce que j’appellerais volontiers la « Tentation d’Alceste », c’est à dire une amertume profonde face à une société qui met systématiquement en avant les faux-semblants et les monnaies sans valeur, qui préfère se forcer à rire plutôt que regarder la vérité en face, qui s’enthousiasme sans raison à tout propos et accepte toutes les déraisons.
Si Molière met en garde contre les penchants portés jusqu’à l’excès, incarnés dans l’Avare obnubilé par sa cassette ou dans Orgon obnubilé par un Tartuffe plaqué en Confiteor, le cas du Misanthrope n’est pas si tranché : Alceste, celui qui semble exagérément ombrageux, n’a pas toujours tort, et Philinte, celui qui semble toujours d’humeur égale en toutes circonstances, n’a pas toujours raison. C’est du moins mon avis.
ALCESTE – Je ne me moque point, Et je vais n’épargner personne sur ce point.
Mes yeux sont trop blessés ; et la cour, et la ville, Ne m’offrent rien qu’objets à m’échauffer la bile :
J’entre en une humeur noire, en un chagrin profond,
Quand je vois vivre entre eux, les hommes comme ils font ;
Je ne trouve, partout, que lâche flatterie,
Qu’injustice, intérêt, trahison, fourberie ; Je n’y puis plus tenir, j’enrage, et mon dessein
Est de rompre en visière à tout le genre humain.
Aujourd’hui, vous pouvez m’appeler Alcestine.

Pratique, inépuisable, à consommer sans modération : Tout Molière. net pour tout savoir sur le monde et les humains d’hier et d’aujourd’hui.

NATATION

Pas de piscine cet après-midi. Nous resterons en classe.

dimanche 26 avril 2015

REPRISE ET TRAVAIL LE MERCREDI TOUTE LA JOURNÉE

Bonjour à tous,

J'espère que vous avez agréablement passé ces longuissimes vacances, que vous êtes bien reposés et que vous avez entretenu vos connaissances par un petit travail quotidien encadré par vos parents.


Nous nous retrouvons demain matin pour démarrer la dernière ligne droite avant le CE1.

Un rappel important : ce mercredi 29 avril 2015, nous travaillerons toute la journée (8h30/11h30 puis 13h30/15h45), pour rattraper le vendredi 15 mai (pont de l'Ascension).
Mercredi, la cantine fonctionnera, ainsi que les activités après la classe.

cf calendrier 2014/2015 >>>

Bonne reprise
JPP

samedi 25 avril 2015

Les nouveaux programmes d'histoire...

Lu sur http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/04/25/31003-20150425ARTFIG00143-pascal-bruckner-les-nouveaux-programmes-d-histoire-ou-l-effacement-de-la-france.php

La réforme du collège portée par Najat Vallaud-Belkacem n'en finit pas de susciter la polémique. Les cours de latin, de grec et les classes bi-langues vont être supprimés tandis que l'instauration de cours d'improvisation inspirés de Jamel Debbouze est évoquée. Que cela vous inspire-t-il? 

Pascal Bruckner: C'est vraiment prendre les Français pour des imbéciles. On leur supprime le latin, le grec et l'allemand pour leur donner à la place du Jamel Debbouze. L'école devient le véhicule de l'ignorance et non du savoir. L'idéal de l'excellence, porté par Jules Ferry, a été progressivement délaissé par les idéologues au profit d'un égalitarisme qui confond égalité et médiocrité générale. Désormais, c'est le cancre qui devient le plus grand dénominateur commun dans la classe. Initialement, l'école de la République avait pourtant l'ambition inverse de porter une classe d'âge vers le niveau le plus élevé. Dans la novlangue actuelle, apprendre à nager aux élèves devient, «se déplacer de façon autonome dans un milieu aquatique profond standardisé». On touche le fond! La première réforme à entreprendre d'urgence serait de renvoyer tous ces «Trissotin» de la technocratie républicaine sur les bancs de l'école. 

Dans les nouveaux programmes d'histoire la chronologie est abandonnée, l'enseignement de l'islam est obligatoire tandis que le christianisme médiéval et les Lumières sont optionnelles. Qu'en pensez-vous?
Sans chronologie, l'histoire n'a pas de sens. Cette réforme risque donc d'égarer encore un peu plus les élèves. On peut également s'étonner du choix de privilégier l'enseignement de l'islam par rapport à celui des Lumières ou du christianisme médiéval. A mon sens il ne s'agit pas d'un choix arbitraire, mais idéologique. Il y a sans doute ici une volonté d'ouverture à l'égard de l'islam, un souci de plaire aux nouveaux arrivants en supprimant tout ce qui peut les heurter: l'enseignement d'un autre monothéisme et l'exercice d'un esprit critique. Mais comment comprendre la France sans connaître le «manteau de cathédrale qui la recouvre»? Comment comprendre qui nous sommes si l'on ne sait pas d'où l'on vient? C'est-à-dire d'un pays de culture profondément catholique et républicaine. Quant aux Lumières, elles sont au fondement même de la culture laïque contemporaine. Que l'on soit de gauche ou de droite, croyant ou pas, c'est durant cette période que se noue la modernité. Faire l'impasse sur celle-ci me paraît aberrant. Il est vrai que dans certains quartiers, il est désormais impossible d'enseigner la Shoah en raison du conflit israélo-palestinien ou encore Madame Bovary qui soulève la question de l'adultère. La réforme tend à cajoler les éléments les plus rétifs du système éducatif au lieu de les assimiler. Ce n'est pas forcément un bon signe à envoyer aux Français musulmans les plus éclairés qui voudraient prendre leur distance avec leur propre religion et s'ouvrir au reste de notre culture. Pour nourrir une réflexion plus profonde sur les croyances, il me paraît urgent de rendre obligatoire la lecture du traité sur la tolérance de Voltaire.
Au motif de favoriser le « vivre ensemble », horrible terme de la novlangue actuelle, on prône l'effacement de ce qu'il y a de meilleur dans notre héritage. On méprise les Français d'origine immigrée qu'on croit incapable d'intégrer notre trésor national et on prive les Français de leur histoire. Dans les deux cas, il s'agit d'un mauvais coup porté à l'intelligence...

Après la série d'attentats qui a frappé Paris en janvier, ne fallait-il pas envoyer des signes d'apaisement?
Il ne faut pas confondre apaisement et reddition. Dans son dernier livre, Michel Houellebecq a magnifiquement dessiné une France possible dans les dix ans à venir. Soumission est bien sûr une utopie négative pour que nous n'empruntions pas ce chemin. Mais la réalité pourrait rattraper la fiction beaucoup plus vite que prévu. Dans le livre de Houellebecq, l'islam prend un visage presque apaisant pour mieux souligner notre responsabilité, notre lâcheté. Le 11 janvier a été un beau moment de résistance et d'indignation. Puis beaucoup sont retombés dans la culture de la peur, allant même jusqu'à suggérer pour certains de revenir sur l'interdiction du voile à l'école. A travers cette refonte des programmes scolaires on procède au reformatage du logiciel de la France pour complaire aux ennemis de celle-ci et de la liberté. Cela me rappelle l'abandon par Jacques Chirac de la référence aux racines chrétiennes de l'Europe dans le projet de Constitution européenne de 2004. On reproduit aujourd'hui la même logique de repentance agressive en niant les fondements de notre nation. Ses fondements catholiques, mais aussi ses fondements républicains nés de l'idéal des Lumières. J'y vois une tentative délibérée d'amputation des traditions nationales. Au motif de favoriser le «vivre ensemble», horrible terme de la novlangue actuelle, on prône l'effacement de ce qu'il y a de meilleur dans notre héritage. On méprise les Français d'origine immigrée qu'on croit incapable d'intégrer notre trésor national et on prive les Français de leur histoire. Dans les deux cas, il s'agit d'un mauvais coup porté à l'intelligence. Ce qu'il y a de plus terrible dans cette réforme, c'est qu'elle est défendue par ceux-là mêmes qui sont censés diffuser le savoir. Comme si le maître voulait inculquer de force l'ignorance à l'élève. 

Que vous inspire la tentative d'attentat contre l'église de Villejuif?
Le choix d'une église ne tient en rien au hasard. Les islamistes radicaux cherchent à éradiquer toute trace des monothéismes antérieurs car ils se veulent les seuls dépositaires de la vérité. Après les Juifs, le tour des chrétiens est venu...

jeudi 23 avril 2015

Nouveaux programmes de Maternelle (analysés par Lire-écrire.org)

Lire l'article complet sur www.lire-ecrire.org

Le Conseil Supérieur des Programmes, créé par la Loi Peillon de "Refondation de l'Ecole" en 2013, a adopté le 5 février le projet de programme du 22 janvier. La mise en application est prévue pour la rentrée 2016.

Parallèlement, le GRIP (Groupe de Réflexion Interdisciplinaire sur les Programmes) a publié en février 2015 la seconde version de ses propositions pour la Maternelle.

Les deux textes peuvent être téléchargés ici

jeudi 16 avril 2015

Auditions devant la Commission d’enquête « Service public de l’éducation, repères républicains et difficultés des enseignants dans l'exercice de leur profession » du Sénat, février-avril 2015

http://www.senat.fr/commission/enquete/fonctionnement_du_service_public_de_leducation.html

16 avril 2015

Auditions

La commission d'enquête poursuit ses auditions. Elle entend :
- à 9 heures, M. Iannis RODER, professeur agrégé d’histoire et géographie, auteur de "Tableau noir, la défaite de l’école" (août 2008).
- à 10 heures, Mme Maya AKKARI, coordinatrice du pôle éducation de la Fondation Terra Nova.
- à 11 heures, M. Philippe MEIRIEU, chercheur en pédagogie, professeur des universités émérite en sciences de l’éducation.

Jeudi 9 avril 2015

Auditions

La commission d'enquête a poursuivi ses auditions. Elle a entendu :
- Mme Laurence LOEFFEL, inspectrice générale de l'éducation nationale, professeure des universités, membre de l'observatoire de la laïcité, co-auteur du rapport « Morale laïque - Pour un enseignement laïque de la morale » (avril 2013) ;
- M. Philippe WATRELOT, président du Cercle de recherche et d'action pédagogique (CRAP) - Cahiers pédagogiques, professeur de sciences économiques, formateur en école supérieure du professorat et de l'éducation (ESPE).
Ces auditions sont disponibles en VOD sur le site du Sénat.

Jeudi 2 avril 2015

Auditions

Jeudi 2 avril, la commission d'enquête a poursuivi ses auditions. Elle a entendu :
- M. Laurent BIGORGNE, directeur de l’Institut Montaigne ;
- M. Michel LUSSAULT, président du Conseil supérieur des programmes ;
- Mme Nathalie MONS, présidente du Conseil national de l'évaluation du système scolaire ;
- M. Laurent LAFFORGUE, mathématicien, titulaire de la médaille Fields, membre de l’Académie des sciences.
Ces auditions sont disponibles en VOD sur le site du Sénat.

Jeudi 26 mars 2015

Auditions

Jeudi 26 mars 2015, la commission d'enquête a poursuivi ses auditions. Elle a entendu :
- M. Jean-Michel BLANQUER, directeur général du groupe ESSEC
- M. Pierre N'GAHANE, secrétaire général du Comité interministériel de prévention contre la délinquance (CIPD)
- Audition de M. Loys BONOD, professeur de lettres certifié, auteur du blog La vie moderne.
Revoir ces auditions
Puis la commission d'enquête a entendu M. Vincent PEILLON, ancien ministre de l'Éducation nationale.
Vendredi 20 mars 2015

Entretien avec la Présidente et le Rapporteur de la commission d'enquête


Jeudi 19 mars 2015

Auditions

Jeudi 19 mars, la commission d'enquête a procédé à de nouvelles auditions. Elle a entendu :
- M. Alain-Gérard SLAMA, journaliste, professeur à Sciences-Po ;
- M. François-Xavier BELLAMY, professeur de philosophie, auteur de Les déshérités ou l'urgence de transmettre ;
- Mme Gabrielle DERAMAUX, professeure de lettres modernes, auteure de Collège inique (ta mère !) ;
- M. Daniel KELLER, Grand maître du Grand Orient de France.

Lundi 16 mars

Auditions de représentants de syndicats de l'éducation nationale et de fédérations de parents d'élèves

Table ronde de syndicats de direction et d'inspection de l'éducation nationale :- M. Patrick FOURNIÉ, président d'Indépendance et direction-Force ouvrière (ID FO) ;
- Mme Claudie PAILLETTE, secrétaire nationale chargée de la politique éducative et de la formation professionnelle, et M. Michel FLORES-GARCIA, principal du collège Gabriel Havez de Montataire (académie d'Amiens), du Syndicat général de l'éducation nationale-Confédération française démocratique du travail (Sgen-CFDT) ;
- M. Patrick ROUMAGNAC, secrétaire général du Syndicat de l'inspection de l'éducation nationale-Union nationale des syndicats autonomes (SI.EN-UNSA) ;
- M. Philippe TOURNIER, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale-Union nationale des syndicats autonomes (SNPDEN UNSA) ;
- M. Paul DEVIN, secrétaire général du Syndicat national des personnels d'inspection-Fédération syndicale unitaire (SNPI-FSU).
Table ronde de Syndicats de personnels enseignants des premier et second degrés :

- M. Jérôme LEGAVRE, secrétaire fédéral de la Fédération nationale de l'enseignement, de la culture et de la formation professionnelle-Force ouvrière (FNEC FP-FO) ;
- M. Christian CHEVALIER, secrétaire général du Syndicat des enseignants-Union nationale des syndicats autonomes (SE-UNSA) ;
- M. Frédéric SÈVE, secrétaire général, et Mme Catherine Nave-Bekhti, professeure au lycée polyvalent Paul Doumer du Perreux-sur-Marne (académie de Créteil), du Syndicat général de l'éducation nationale-Confédération française démocratique du travail (Sgen-CFDT) ;
- MM. François PORTZER, président national du Syndicat national des lycées et collèges-Fédération générale autonome des fonctionnaires (SNALC-FGAF), et Pierre FAVRE, président du Syndicat national des écoles-Fédération générale autonome des fonctionnaires (SNE-FGAF), pour le Syndicat national des lycées et collèges (SNALC) ;
- Mme Valérie SIPAHIMALANI, secrétaire générale adjointe du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES) ;
- M. Sébastien SIHR, secrétaire général du Syndicat national unitaire des instituteurs professeurs des écoles et des professeurs d'enseignement général de collège (PEGC)-Fédération syndicale unitaire (SNUipp-FSU).
Table ronde de fédérations de parents d'élèves :
Mme Caroline SALIOU, présidente, et M. Christophe ABRAHAM, secrétaire général adjoint, de l'Association de parents d'élèves de l'enseignement libre (Apel) ;
Mme Sylvie FROMENTELLE, vice-présidente, et M. Guillaume DUPONT, vice-président, de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) ;
Mmes Valérie MARTY, présidente nationale, et Myriam MENEZ, secrétaire générale, de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP).

Jeudi 12 mars 2015

Auditions d'anciens ministres de l'éducation nationale

La commission d'enquête a procédé aux auditions successives de plusieurs anciens ministres de l'éducation nationale : 
- Luc FERRY, ancien ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche (2002-2004) ;
Luc CHATEL, ancien ministre de l'éducation nationale (2009-2010) puis de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative (2010-2012) ;
- Jean-Pierre CHEVÈNEMENT, ancien ministre de l'éducation nationale (1984-1986).

Jeudi 5 mars 2015

Auditions

La commission d'enquête a poursuivi son cycle d'auditions. Elle a entendu :
M. Jean-Pierre OBIN, inspecteur général de l'Éducation nationale, auteur du rapport "Les signes et manifestations d'appartenance religieuse dans les établissements scolaires" ;
M. Alain BOISSINOT, ancien président du Conseil supérieur des programmes (2013-2014).

Jeudi 19 février 2015

Auditions

La commission d'enquête a poursuivi son cycle d'auditions. Elle a entendu :
- M. Alain FINKIELKRAUT, philosophe et essayiste, membre de l'Académie française (cette audition fera l'objet d'une captation vidéo) ;
- M. Jérôme LEONNET, directeur central adjoint de la sécurité publique, chef du service central du renseignement territorial, à la direction centrale de la sécurité publique du ministère de l'intérieur ;
- M. Henri PENA-RUIZ, philosophe, écrivain, maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, ancien membre de la commission Stasi sur la laïcité (cette audition fera l'objet d'une captation vidéo) ;
- Mme Florence ROBINE, directrice générale de l'enseignement scolaire au ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.


Lundi 16 février 2015

Début des auditions

La commission d'enquête a entamé son cycle d'auditions. Elle a entendu :
- M. Bernard BEIGNIER, recteur de l'académie d'Aix-Marseille ;
M. Jean BAUBEROT, docteur en histoire et docteur ès-lettres et sciences humaines de l'Université Paris IV Sorbonne, président d'honneur et professeur émérite de l'École pratique des hautes études en Sorbonne ;
- M. Jean-Louis BIANCO, président de l'Observatoire de la laïcité.

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François-Xavier BELLAMY (propos liminaire puis questions des sénateurs)

LES FUTURS PROGRAMMES DE L'ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE...


 Lu sur http://www.education.gouv.fr/cid87938/projets-de-programmes-pour-l-ecole-elementaire-et-le-college.html

Les projets de programmes pour les cycles 2,3 et 4 remis par les trois groupes constitués par le Conseil supérieur des programmes ont été adoptés lors de la séance du 9 avril 2015. Ces projets de programmes seront soumis à consultation. Ils constituent une première proposition, une préfiguration qui nécessite encore d’être travaillée. Ils seront réexaminés et amendés suite aux avis et propositions recueillis durant la phase de consultation. Celle-ci constitue en effet une étape à part entière dans le processus d’élaboration des programmes.

Télécharger le projet de programmes du cycle 2
Télécharger le projet de programmes du cycle 3
Télécharger le projet de programmes du cycle 4

https://drive.google.com/file/d/0B57T9L-hnxr3cFlteUZDVmFKMW8/view?usp=sharing

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QUELQUES REMARQUES PERSONNELLES

Comme on pouvait le redouter ces programmes sont trop ambitieux. Bien des adultes ne maîtrisent même pas les attendus du cycle 2. 
La rédaction est inutilement longue et jargonnante ; la lecture découragera certainement les familles et peut-être même les enseignants. On peut comparer avec la rédaction claire et cependant détaillée des Instruction officielle du 20 juin 1923 >>>

D'autre part, ces programmes nouveaux seront mis en œuvre pendant le temps de classe, sous la conduite d'un professeur des écoles. 
Or :

— "nouveaux" rythmes scolaires conservés, sans remise en cause ni même analyse des effets après 3 années de fonctionnement.

— Aucune modification du temps consacré au sport, arts plastiques, musique,... alors que ces activités sont souvent déjà prises en compte par les activités périscolaires.

— aucune augmentation du temps scolaire légal (la présentation aux familles a fait état du passage à une année de 180 jours de classe. En réalité c'est 140 jours écourtés + 36 mercredis matins, soit encore et toujours 860 heures/an en présence d'un instituteur). Ce temps est très insuffisant pour la fraction des élèves qui ont du mal avec les apprentissages académiques (20 % des enfants scolarisés en sixième ne maîtrisent pas les apprentissages fondamentaux).

— les prescriptions sont toujours réparties par cycle ; c'est donc théoriquement à chaque école de choisir ce qu'elle aborde et dans quel ordre. À défaut chaque enseignant compose ce qu'il peut à partir de manuels thématiques ou d'un patchwork de photocopies. 

— en mathématiques : apprentissage progressif des 4 opérations au lieu d'une présentation simultanée dès le CP

— pour l'apprentissage de la lecture au CP : aucune consigne précise sur les méthodes à favoriser et celles à proscrire

— socle commun de compétences maintenu. Même si un volet "connaissances" apparaît, ce sont bien les compétences qui sont mises en avant

— langue étrangère ou régionale, dès le CP. Avec si peu de temps de classe l'objectif paraît irréaliste.


Quant aux enseignants :

— rien sur une revalorisation significative des salaires qui devrait être évidemment associée à une augmentation du temps de travail (pour arriver à 180 jours effectifs de classe).

— rien sur le niveau de recrutement (actuellement bacc + 5 avec une spécialisation souvent sans rapport avec les enseignements en école élémentaire). Le niveau idéal de recrutement devrait être la licence (L3).

— rien sur la parité du recrutement. Il fut un temps où le nombre des poste était également réparti. Actuellement le recrutement est déséquilibré puisque près de 85% des professeurs des écoles sont des femmes.

— rien sur la nécessaire formation disciplinaire des enseignants dans les ESPE (actuellement la formation M1/M2 métiers de l'enseignement, confiée à des universitaires, est essentiellement didactique). En L1 et L2 une solide formation disciplinaire devrait être mise en place, associée en L3 à un compagnonnage professionnel et des stages sur le terrain.

Souhaitons que parents et enseignants se mobilisent pour tenter d'infléchir cette proposition de programme vers une mouture moins dogmatique et davantage tournée vers l'efficacité.

JPP

mercredi 15 avril 2015

mardi 14 avril 2015

CERTIFICAT D'ÉTUDES


https://drive.google.com/file/d/0B57T9L-hnxr3Q3ZGM09oTUxRUkE/view?usp=sharing

Pour les férus de la langue française :

«Ressasser» est le plus long long  palindrome (mot qui se lit dans les deux sens) de la langue française . 
«Institutionnalisation»  est le plus long lipogramme en «e». C'est-à-dire qu'il ne comporte aucun «e»
.
L'anagramme de «guérison» est «soigneur» C'est-à-dire que le mot comprend les mêmes lettres.
«Endolori» est l'anagramme de son antonyme «indolore», ce qui est paradoxal.
«Squelette» est le seul mot masculin qui se finit en «ette».
«Où» est le seul mot contenant un «u» avec un accent grave. Il a aussi une touche de clavier à lui tout seul !
Le mot «simple» ne rime avec aucun autre mot.
Tout comme «triomphe», «quatorze», «quinze», «pauvre», «meurtre", «monstre», «belge», «goinfre» ou «larve».
«Délice», «amour» et «orgue» ont la particularité d'être de genre masculin au singulier. Cependant ils prennent le genre féminin à la forme plurielle.
Toutefois, peu sont ceux qui acceptent l'amour au pluriel. C'est ainsi !
«Oiseaux» est, avec 7 lettres, le plus long mot dont on ne prononce aucune des lettres : [o], [i], [s], [e], [a], [u], [x].....
«Oiseau» est aussi le plus petit mot de langue française contenant toutes les voyelles.

jeudi 9 avril 2015

ENQUETE

Bonjour,
L’Institut National de la Consommation réalise une grande enquête au sujet des cantines scolaires des écoles élémentaires qui paraîtra prochainement dans son magazine 60 Millions de Consommateurs.
Ce questionnaire est anonyme et ne leur prendra que quelques minutes et est accessible en cliquant sur le lien ci-dessous :
Plus nous aurons de réponses, plus riches seront les enseignements, et plus notre étude sera de qualité !
En vous remerciant pour l’aide précieuse que vous pourrez nous apporter,
Cordialement,
L’Institut National de la Consommation

mardi 7 avril 2015

NATATION

Cet après-midi nous n'irons pas à la piscine à cause d'une trop grande amplitude thermique extérieur/intérieur

mercredi 1 avril 2015

TRIBUNE - À la recherche de l'honneur perdu de l’Éducation Nationale

 Lu sur http://www.nonfiction.fr/article-7473-tribune a_la_recherche_de_lhonneur_perdu_de_leducation_nationale.htm


Fanny Arama est diplômée de Sciences Po et agrégée de Lettres Modernes. Elle a enseigné dans différents établissements du secondaire dans les Yvelines pendant trois ans. Aujourd’hui, face aux défaillances du système éducatif tel qu’il est appliqué par des autorités coupables de faiblesse morale et qu’elle accuse de vouloir saper l’instruction pour acheter la paix sociale, elle a décidé de quitter l’enseignement secondaire.
Ce texte est un témoignage : l'auteur a été témoin, elle raconte. Elle aimerait alerter. Malgré son absence de couleur, imaginez que chaque mot lu déclenche un voyant rouge qui demande réactivité et prise de décision. Si le sens des mots ne suffit pas à modifier un état de fait, espérons au moins que leur signification, leur portée, résonneront en écho douloureux dans la conscience de ceux qui disent vouloir nous gouverner.

Quand j’exposais à mes camarades agrégatifs ma curiosité à propos de l’expérience du secondaire en banlieue parisienne pour un jeune professeur de français, et ce malgré son effroyable renommée, je me voyais répéter qu’il n’y avait rien à y voir sinon la déliquescence d’un système à bout de souffle, dépourvu à sa tête de toute volonté et de fermeté. Mon goût des défis et des causes supposées désespérées l’emporta. Je voulais voir de mes propres yeux, vérifier le bien-fondé de cette réputation sinistre. J’étais jeune (27 ans), enthousiaste, aimant la jeunesse et mon époque, et je ne comptais pas me laisser démoraliser par les discours défaitistes. Si un établissement manquait de fermeté, j’en aurais dans mes classes. Aussi, plutôt que de commencer une thèse juste après l’obtention du fameux diplôme, je repoussai cette échéance à une ou deux années et décidai « d’y aller voir ».

Trois ans après, j'ai trente ans : j'ai vu. Ce que j’ai vu m’a effrayée. Ce que j’ai vu, éprouvé, expérimenté, me fait affirmer aujourd’hui qu’enseigner dans le secondaire en France est un métier dégradant, parce que les gens qui nous gouvernent ne nous en donnent pas les moyens. Et pourtant, j’ai enseigné dans des établissements très divers : un collège du Vésinet, banlieue cossue des Yvelines ou de Rosny-sur-Seine, à soixante kilomètres de Paris, un lycée plutôt bourgeois de Poissy ou tout au contraire, un lycée professionnel de Mantes-la-Jolie qui accueille souvent des élèves « rebutés » partout ailleurs. Partout le constat est le même : quand un élève ne répond pas aux attentes de l’établissement, tout est fait pour éviter de dire que cet élève est dans son tort. Toutes les excuses sont bonnes. Devant ce constat, j’affirme : non, l’école n’est pas une garderie. Oui, il y a de plus en plus « d’établissements-poubelles » (et je choisis mes mots) qui acceptent l’inacceptable : le mépris des décisions prises par les professeurs, la médiocrité du niveau, l’absentéisme record des élèves, l’absence totale d’écoute et d’humilité face à des professeurs qui se plient en quatre pour parvenir à atteindre un objectif scolaire qu’ils ont revu à la baisse dix fois depuis leur entrée dans l’Education Nationale.

L’école, le collège et le lycée sont des lieux où l’on s’instruit, qui demandent des efforts continus et réguliers, de l’assiduité, de la discipline. Je sors de l’expérience du secondaire absolument accablée par ce que j’y ai vu. L’année dernière, « remplaçante » dans plusieurs établissements, ayant à la fois des classes de sixième, de quatrième et de seconde, je constatai que la majorité de mes élèves, toutes classes confondues – malheureusement ce n’est pas une caricature, mais une situation de moins en moins exceptionnelle – avaient le même niveau en français (syntaxe, orthographe, expression écrite, lecture). La raison de cet état de fait : il n’y a plus de niveau, parce qu’on laisse les élèves devenir médiocres, par faiblesse, par lâcheté, par peur du conflit, ou parce que l’on évite dorénavant les redoublements. Les chefs d’établissement sont évalués à la fin de l’année par leur hiérarchie notamment selon le nombre de redoublements, d’exclusions, et autres problèmes liés au niveau et au comportement des élèves. Il est donc évident que les chefs d’établissement – et peut-on les en blâmer ? – feront tout pour éviter problèmes, conflits, remarques négatives, sanctions. J’ai eu, en tant que professeur de français dans le secondaire, l’impression que tout est fait pour cacher, dissimuler le témoignage de professeurs qui s’éreintent à expliquer qu’on ne peut instruire les élèves sans leur imposer des limites, des règles et le goût de l’effort continu – en vain, puisque tout (le système, les circulaires courtelinesques successives) et tous (la majorité des parents, les autorités qui imposent une mission cachée aux chefs d’établissement, l’absence de bonne volonté face à un système gagné par la gangrène) jouent contre leur mission.

Instruire ? Oui. Je sais. Aujourd’hui, on veut des professeurs compréhensifs, sympathiques, psychologues et indulgents. On veut des professeurs qui s’adaptent à leurs élèves : on a tort. Je l'ai compris après avoir essayé de m'adapter à mes élèves
- sans résultat. S'il y a une chose que j'éprouve à travers mon expérience aujourd'hui, en dépit de mon jeune âge et du fait que je n'ai pas encore d'enfant, c'est qu'entamer une négociation sur la pertinence de l'autorité avec un élève dans une salle de classe, c'est le début de la fin. Il est nécessaire d'imposer des règles aux élèves, et la première de toutes, c'est que le professeur détient une autorité non négociable pour leur bien, leur épanouissement, et que ceux-ci se doivent de s'adapter - comme plus tard, dans leur vie d'adulte - à leur environnement premier, en l'occurrence, leur professeur et ses exigences, qui sont autant de promesses de réussite pour eux. Dans cette perspective, un élève, aussi inaudible et exorbitant que cela paraisse, a le devoir de s’adapter à son professeur, et on aura évidemment compris que les jeunes professeurs d’aujourd’hui – dont je fais partie – font tout pour faciliter cette adaptation. Ils en font même trop. N'est-il pas temps d'être ferme et de restaurer un rapport entre professeur et élève dicté par le bon sens et la volonté d'avancer ensemble ? Je pense que c'est un privilège, dans le monde d'aujourd'hui, d'avoir un système éducatif tel que le nôtre et des équipes pédagogiques aussi motivées que celles que j'ai pu observer et apprécier. Il est important d'en être conscient, et reconnaissant.

Les débats que l’on entend aujourd’hui sur la thématique « Comment réformer l’école ? » sont la preuve que le pays ne regarde pas la réalité en face. Si le changement ne vient pas avant tout des élèves et de leurs familles, il est inutile de continuer à s’éreinter à trouver une solution viable. Je n’oublierai jamais ces quelques phrases de R.-M. Rilke qui m’ont toujours guidée dans ma courte vie d’adulte : « Si nous construisons notre vie sur ce principe qu’il nous faut aller toujours au plus difficile, alors tout ce qui nous paraît encore aujourd’hui étranger nous deviendra familier et fidèle. Comment oublier ces mythes antiques que l’on trouve au début de l’histoire de tous les peuples ; les mythes de ces dragons qui, à la minute suprême, se changent en princesses ? Tous les dragons de notre vie sont peut-être des princesses qui attendent de nous voir beaux et courageux. Toutes les choses terrifiantes ne sont peut-être que des choses sans secours, qui attendent que nous les secourions. » Si seulement aujourd’hui, les personnes qui nous gouvernent avaient le courage d’imposer aux institutions les mêmes principes qu’ils imposent à leurs propres enfants, avec la même fermeté, et sans tricher pour sauver les apparences et acheter la paix sociale, pour le bien d’une société lucide qui regarde les difficultés de la vie en face, alors peut-être y aurait-il une issue possible. Oui, dire à un élève, à temps, en le regardant en face quand la nécessité s’en fait sentir : « C’est inacceptable, c’est insuffisant, c’est faible, et tu dois mieux faire », c’est ingrat. Mais ce sont nos dragons.


Fanny ARAMA