vendredi 19 juin 2015

spectacle de fin d'année



Chers parents,

Notre classe ouvre la première partie du spectacle de fin d'année, au théâtre.
Aucune tenue vestimentaire spéciale.
Nous nous donnons rendez-vous à 17h45 au pied de l'escalier.

Conseils aux plus jeunes (et à leurs parents)

Patrice Corre, ancien proviseur du Lycée Germaine de Staël à Montluçon est aujourd'hui proviseur du Lycée Henri IV à Paris.  

Il est ici interrogé par le magazine Phosphore
http://www.phosphore.com/video/318/patrice-corre-proviseur-du-lycee-henri-iv-a-paris-1-3.html

D’après Patrice Corre, pousser un enfant dans un établissement avec de fortes exigences de travail et de résultats peut mener à l’échec.


http://www.phosphore.com/video/319/patrice-corre-proviseur-du-lycee-henri-iv-a-paris-2-3.html

Un conseil pour remplir le dossier de fin de troisième : « mettre en premier choix un lycée qu’on a toute les chances d’avoir ! » Explications de Patrice Corre.


http://www.phosphore.com/video/320/patrice-corre-proviseur-du-lycee-henri-iv-a-paris-3-3.html

« Travaillez, ayez de l’ambition scolaire ! » Pour Patrice Corre, les places dans les lycées les plus cotés se conquièrent par la volonté ; elles ne sont pas réservées à une élite sociale.


mardi 16 juin 2015

Pour information...




samedi 13 juin 2015

Comment les robots nous aident à comprendre l'homme

Présentation de Pierre-Yves Oudeyer à la conférence LIFT Marseille, octobre 2013

Pierre Yves Oudeyer, directeur de recherche à Inria, s'appuie sur des expériences avec des robots pour explorer des questions essentielles sur l'homme : Qu'est-ce que marcher et comment cela s'apprend-il ? Comment un enfant peut-il apprendre par lui-même à interagir avec les objets qui nous entourent ? Comment peut-il aussi apprendre à interagir avec les autres ? Comment naissent les langues ? Derrière ces questions, il étudie le rôle de l'auto-organisation, ainsi que celui du corps, qui peut avec les robots devenir une variable expérimentale. Et pour permettre à d'autres de poser leurs propres questions, il nous présente Poppy, "le premier robot humanoïde imprimé en 3D et open-source" (voir http://www.poppy-project.org ).

(This work by Lift Conference is licensed under a Creative Commons Attribution-ShareAlike 2.5 Switzerland License. Original link: http://videos.liftconference.com/vide...)

Bio:
Pierre-Yves Oudeyer, directeur de recherche à Inria, étudie les mécanismes de l'apprentissage et du développement sensorimoteur, cognitif et social chez l'humain et chez les robots. Suivant une approche multidisciplinaire, où les sciences informatiques et robotiques participent à notre compréhension du vivant et de l'homme, il s'intéresse au rôle de l'auto-organisation et de l'apprentissage au cours des interactions entre cerveau, corps et environnement physique et social.

En particulier, il étudie le rôle de la curiosité et des motivations intrinsèques dans l'acquisition de nouveaux savoir-faire, et a joué, avec ses collaborateurs, un rôle pionnier dans l'élaboration de mécanismes de curiosité en robotique et en intelligence artificielle. Ces expérimentations robotiques ont aussi mené à des hypothèses nouvelles sur l'organisation du développement cognitif chez l'enfant, et la manière dont il découvre progressivement son corps et les interactions avec son environnement.

Il a également étudié la manière dont des langues nouvelles peuvent se former dans des communautés d'individus, et en particulier en construisant et en analysant des populations de robots capables d'inventer leurs propres langues.

Lauréat du programme européen ERC et du prix Le Monde de la recherche universitaire, il dirige l'équipe Flowers à Inria et à l'Ensta ParisTech, et a été chercheur au Sony Computer Science Laboratory à Paris.

Il participe aussi activement à la diffusion des sciences vers le grand public, au travers de l'écriture d'articles et de livres de vulgarisation, et en participant à des expositions sur les sciences. Il a notamment participé à l'exposition "Mathématiques: Un Dépaysement Soudain" à la Fondation Cartier, et collaboré avec le cinéaste David Lynch dans le cadre du projet Ergo-Robots.

Web: http://www.pyoudeyer.com
Flowers team: https://flowers.inria.fr
Poppy project: http://www.poppy-project.org

Twitter: https://twitter.com/pyoudeyer
Youtube: http://www.youtube.com/channel/UC7QuD...



 

vendredi 12 juin 2015

Alice et les traductions du temps présent

Lire le texte intégral de l'article sur http://leblogdenathaliemp.com/2015/06/12/alice-et-les-traductions-du-temps-present/#more-3851

Alice

... La crainte du nivellement par le bas exprimée par les enseignants est partagée par un collectif d’étudiants et de jeunes professionnels. Ils ont publié hier une tribune dans le Huffington Post ainsi qu’une lettre ouverte à la Ministre de l’Education dans le Figaro. Ils expliquent qu’ils sont issus des filières d’excellence sans pour autant faire partie des classes sociales favorisées et que l’accès aux classes bilangues, au latin et au grec, ainsi qu’à un enseignement scientifique et littéraire complet, fut pour eux le moteur riche et passionnant de la réussite. Ils demandent à la Ministre de suspendre l’exécution du décret d’application de la réforme du collège afin d’ouvrir un vrai débat démocratique sur la question.
Il se trouve qu’au même moment, le Projet Voltaire, service internet de formation à l’orthographe et à la grammaire, publiait les résultats d’une étude conduite auprès de 50 000 participants : en 2010, ils étaient 51 % à maîtriser correctement l’ensemble des règles de la langue française tandis qu’ils ne sont plus que 45 % en 2015. « Je ne pensais pas que la baisse serait aussi spectaculaire en seulement cinq ans ! » se désole Pascal Hostachy, fondateur du projet. Il souligne que la qualité orthographique dépend directement de notre confrontation à l’écrit, c’est-à-dire à la lecture. Si dans cette étude les femmes réalisent de meilleures performances que les hommes, c’est parce qu’elles lisent plus. La lecture est au coeur de notre apprentissage et de notre maîtrise du Français, et cela commence dès l’enfance.
Quant à moi, chaque année à la même époque, je me lance dans une vaste opération de tri et de rangement en prévision de la célèbre braderie de la rue d’Isly. C’est l’occasion de me replonger avec délice et nostalgie dans les livres que j’ai dévorés passionnément quand j’étais élève à l’école primaire ou en classe de sixième. Parmi eux, Les six compagnons de la Croix-Rousse, et surtout, Alice, mon héroïne préférée. Et c’est aussi l’occasion de faire quelques comparaisons entre les éditions successives.
Quelques mots sur Alice Roy, jeune américaine intelligente, indépendante et sportive, dont les talents de détective et les qualités de coeur vont redonner le sourire à maintes personnes lésées, trompées ou terrorisées. En anglais, elle s’appelle Nancy Drew. Son auteur, Caroline Quine (Carolyn Keene en anglais) est en fait un nom de plume regroupant plusieurs rédacteurs. Elle apparait aux Etats-Unis en 1930 et en France en 1955. Le directeur des collections jeunesse chez Hachette, ancien professeur d’anglais, souhaite alors relancer la Bibliothèque verte en éditant des séries anglo-saxonnes qui mettent en scène des héros récurrents. Le premier titre publié sera Alice détective, bientôt suivi de Alice au bal masqué. Commence alors une carrière pleine de succès pour la série Alice qui sera très longtemps en tête des ventes de la Bibliothèque verte. La première traductrice de la série fut Hélène Commin et le premier dessinateur, celui qui fixera un certain nombre de caractéristiques visuelles du personnage, tel que le bandeau dans les cheveux, fut Albert Chazelle.
Mais au fil des années, textes et illustrations subissent quelques aménagements. Quand j’ouvre mon exemplaire d’Alice au bal masqué, par exemple, et que je le rapproche de celui que j’ai acheté pour ma fille quelques décennies plus tard, je découvre que les traductions et les textes de quatrième de couverture (cliquer sur les photos pour mieux lire) ont évolué comme ceci :

Texte de 1962 :
“Ce costume te va à ravir, Alice”, dit la vieille Sarah. Elle enveloppa la jeune fille d’un regard plein de tendresse, puis ajouta en souriant: “Il te donne, de plus, un air si mystérieux….” Alice Roy achevait de s’habiller pour le bal masqué auquel elle était invitée ce soir-là chez les parents de Gloria Harwick, son ancienne camarade de lycée. Elle devait s’y rendre en compagnie de Ned Nickerson, ami d’enfance qui se faisait volontairement son chevalier servant. Pour l’occasion, elle avait revêtu un déguisement de grande dame espagnole: longue robe rouge à volants et mantille de dentelle. Debout devant sa psyché, Alice assura soigneusement la perruque brune qui dissimulait ses boucles blondes. Un loup de satin noir au bavolet de tulle dissimulait entièrement son visage, ne laissant voir que les yeux bleus, pétillant de malice derrière les fentes du masque. »

 Texte de 2008 :
“Ce costume te va à ravir, Alice”, affirme Sarah. Elle ajoute en souriant: « Il te donne un petit air mystérieux… » Alice Roy achève de s’habiller pour le bal masqué auquel elle était invitée ce soir-là chez les parents de Gloria Hendrick, une ancienne camarade de lycée. Elle doit s’y rendre en compagnie de Ned Nickerson, son chevalier servant. Pour l’occasion, elle a revêtu un déguisement de grande dame espagnole : longue robe rouge à volants et mantille de dentelle. Debout devant son miroir, Alice ajuste soigneusement la perruque brune qui dissimule ses boucles blondes. Un loup de satin noir cache son visage, ne laissant apparaître que ses yeux bleus pétillant de malice. »
Entre 1962 et 2008, s’intercalent d’autres versions qui concourent toutes à la cure d’amincissement du texte, provoquant parfois de grandes déceptions chez les adultes qui ont grandi avec Alice, le Club des cinq ou les Six compagnons. A travers cet exemple, on a tout loisir de constater  : 1. que le récit ne se fait plus à l’imparfait et au passé simple, mais au temps présent, 2. que les détails descriptifs sont limités voire supprimés  (regard plein de tendresse, bavolet de tulle) et 3. que le vocabulaire est simplifié de manière à ne garder que les termes génériques à l’exclusion de tout terme spécialisé (psyché devient miroir, dissimuler devient cacher).
La réaction immédiate consiste à se dire que décidément nos enfants ne sont pas aidés. Si la lecture est le vecteur de la connaissance de la langue, si elle est le moyen d’apprendre à exprimer des idées variées avec des mots et des connecteurs logiques variés utilisés dans une concordance des temps également logique, il n’est guère étonnant qu’ils aient de plus en plus de mal à s’exprimer à l’écrit comme à l’oral, tant les modèles qu’on leur donne sont allégés. On se demande à quoi pensent les éditeurs : jugent-ils avec un total réalisme que les jeunes d’aujourd’hui sont tellement mal formés à l’école que s’ils veulent encore vendre des livres il faut leur donner de la lecture basée sur un ensemble très limité de vocabulaire et de syntaxe ?
J’ai eu la chance de pouvoir contacter par téléphone un responsable d’édition de Hachette Jeunesse, et je le remercie ici du temps qu’il m’a consacré. Je lui ai fait part de mon étonnement devant ce que je qualifierais d’appauvrissement des textes proposés aux jeunes et je lui ai expliqué que j’aimerais beaucoup avoir son point de vue d’éditeur. Il m’a tout de suite reprise. Il n’est pas du tout question d’appauvrissement, mais de modernisation. La société a évolué, les enfants ont changé et sont confrontés à des modes de communication très diversifiés. Ils ont l’habitude de passer très rapidement d’un centre d’intérêt à un autre. Pour les attirer vers la lecture, il faut donc qu’ils y retrouvent les caractéristiques des autres médias. L’utilisation systématique du présent vise à accélérer le récit, de même que la suppression des passages trop descriptifs. Hachette considère que les textes comme Alice sont intemporels : on garde l’histoire, mais on la transpose et on l’adapte au fil du temps. Par contre, les textes dits « d’auteurs » sont conservés en l’état, des renvois en bas de page apportant les éventuelles explications nécessaires. C’est le traitement appliqué à la comtesse de Ségur, par exemple.
Sous les propos de l’éditeur, on comprend malgré tout que le public des lecteurs doit être encouragé (*) et qu’il importe d’aller au devant de lui. Les Bibliothèques rose et verte sont maintenant pratiquement entièrement dédiées à la transposition à l’écrit de séries télévisées en vogue auprès des enfants. Quant à la modernisation d’Alice, elle correspond bien à une perte de contenu dans la mesure où ces textes sont maintenant édités en Bibliothèque rose, c’est-à-dire pour un lectorat beaucoup plus jeune que lorsque la série a démarré en France en 1955.
S’il est vrai que le monde évolue, il me semble que c’est plutôt dans le sens d’une complexification croissante. J’ai du mal à croire que le langage qui sert à décrire le monde puisse dans le même temps se recroqueviller sur lui-même. Ne parlons pas spécifiquement vocabulaire, il est très possible que sur ce plan-là nous ne soyons pas en train de vivre un appauvrissement mais un glissement vers un remplacement : psyché devient désuet, mais fournisseur d’accès internet va peut-être faire son entrée dans le dictionnaire. Parlons plutôt syntaxe, conjugaison et variété de la langue : ce sont les éléments centraux d’un langage évolué car il est question de subtilité, de logique et d’articulation des pensées. Toute éducation qui voudrait s’en affranchir constituerait selon moi une régression intellectuelle grave.

(*) Mise à jour du vendredi 12 juin 2015 à 12 h : Hachette Jeunesse me fait savoir que la collection en question est en pleine santé.

mercredi 10 juin 2015

Natacha Polony : Lettre ouverte au président qui renie Jules Ferry

Lu sur http://laicite-revue-de-presse.fr/?p=5576
... ...

Dans « Marianne » No 943 en kiosques le vendredi 15 mai et disponible aussi au format numérique, Natacha Polony explique que « ce qui est en train de se mettre en place est la phase terminale et métastasée de l’entreprise de démolition de l’école républicaine ». Car selon la journaliste, la « philosophie » de cette réforme du collège « n’est que le prolongement de toutes celles qui ont précédé depuis trente ans ». Néanmoins, elle rappelle François Hollande à ses « engagements » de campagne et à son discours du Bourget où, écrit-elle, « la République illuminait chaque phrase ». Voici cette « lettre ouverte ».

Monsieur le Président,
Qu’avez-vous fait du plus grand combat de la gauche républicaine ? Votre pre­mier hommage, le jour de votre investiture, fut pour les mânes de Jules Ferry. A quoi tout cela a-t-il servi ? Non, vous ne ferez croire à personne que vous imagi­nez réellement améliorer l’école française en lui administrant la po­tion qu’elle avale depuis trente ans. Relisez les réformes, programnes et recommandations produits au kilomètre, vous y trouverez les mêmes mots, les mêmes considé­rations : « Donner du sens aux ensei­gnements » à travers des « projets interdisciplinaires », « individua­liser les parcours » pour « passer du collège pour tous au collège pour chacun ». Qu’il y ait des illuminés pour nous expliquer que le malade est mourant parce que la saignée n’a pas été assez importante, et qu’il faut continuer, il fallait s’y attendre, mais pas vous.

Alors, une question nous vient : pourquoi tous ces gens s’échinent­-ils à priver le peuple des connais­sances qui émancipent les êtres et les font maîtres d’eux-mêmes ? L’intuition de leur propre carence ? On comprend dès lors que votre ministre traite de « pseudo-intellec­tuels » des académiciens et des pen­seurs qui s’inquiètent de l’éradica­tion ultime des langues anciennes (transformée par la magie de la communication politique en « extension à tous les élèves de l’accès au latin » ; l’accès seulement). Mais Najat Vallaud-Belkacem est habile : avec votre bénédiction et la compli­cité de ses adversaires politiques et d’une partie des médias, elle tente le tour de passe-passe qui seul peut sauver sa calamiteuse réforme : la transformer en un combat de « la gauche » contre « la droite », de « l’égalité » contre « l’élitisme ».

Alors il faut aller au fond des choses et expliquer précisément pourquoi le collège rêvé par Mme Najat Val­laud-Belkacem est la négation absolue de l’idéal égalitaire que vous prétendez poursuivre. Pour­ quoi ce qui est en train de se mettre en place est la phase terminale et métastasée de l’entreprise de dé­molition de l’école républicaine, outil d’émancipation d’un peuple de citoyens, au profit d’une fabrique de consommateurs-producteurs adaptables aux aléas du marché du travail en économie mondialisée.

Il y a la question, bien sûr, des langues anciennes, dont on éli­mine l’enseignement précis, qui seul permet de structurer la pen­sée et d’entrer pleinement dans la compréhension d’une civilisation. Il y a la question des classes bilangues que l’on veut supprimer par haine de tout ce qui pourrait ressembler à une distinction. Pensez donc,des parents ignobles qui chercheraient à soustraire leurs enfants à la belle mixité sociale ! Quand ces classes permettent au contraire, implan­tées dans des collèges de banlieue, d’y maintenir les enfants de classe moyenne en donnant l’espoir aux parents d’y trouver exigence et dis­cipline. Et puis il y a la question des programmes d’histoire, illustration pathétique de la soumission à l’air du temps et aux impératifs d’auto­-flagellation.

Mais il y a surtout la philosophie de cette réforme, qui n’est que le prolongement de toutes celles qui ont précédé depuis trente ans. Et voilà bien l’escroquerie. Escroquerie de ceux qui veulent présenter comme moderne le florilège de toutes les vieilles lunes pédago­giques qui doivent au système scolaire français d’être devenu en vingt ans le plus inégalitaire au monde, celui où les pauvres ont le moins de chances de réussir (lisez les enquêtes Pisa, monsieur le Président : elles sont notre honte). Escroquerie, également, de ceux qui hurlent au scandale quand cette réforme du collège est à peu près le copier-coller de la réforme du lycée de la présidence Sarkozy. Quand elle n’est en fait qu’un épisode de plus de ce grand démantèlement, après la loi d’orientation de 1989 signée Lionel Jospin, après les réformes de 1999 signées Claude Allègre et Jack Lang, après la loi d’orientation de 2005 signée François Fillon… 

A quoi devons-nous ce bel unanimisme ? A l’implantation, bien sûr, à tous les échelons de la Rue de Grenelle, de ces « experts » dont la principale compétence est de survivre à tous les régimes. Mais surtout à la diffusion chez tous les acteurs et décideurs, de droite comme de gauche, d’une vulgate imprégnée d’idéologie managé­riale et de culte de l’évaluation. Les petits comptables ont rem­placé les visionnaires. Condorcet et Jules Ferry ont été pulvérisés par un executive-manager. Au cœur de tout cela, les fameuses « compétences » qui ont fait leur entrée dans l’école à l’occasion de la loi Fillon de 2005, à travers le « socle commun » .Avez-vous déjà ouvert un livret de compétences, monsieur le Président ? Vous qui aimez les blagues, vous aurez le summum de l’humour absurde.

Évaluation des compétences, valorisation des acquis, tout ce vocabulaire issu du management s’est imposé à tous les échelons du système sous la pression des ins­tances internationales, OCDE et Union européenne, qui considèrent l’éducation comme un critère de performance dans le cadre d’une économie mondialisée. En 1995, le livre blanc de la Table ronde des entreprises européennes, un des lobbys gravitant à Bruxelles, esti­mait d’ailleurs que « l’éducation doit être considérée comme un ser­vice rendu aux entreprises ». C’est aujourd’hui chose faite, même si l’on habille ça de plus d’élégance. On dira « préparer les élèves au monde de demain ».

La droite libérale moderniste applaudit (tout en protestant quand on éradique de façon trop ouverte le patrimoine) : tout cela est en phase avec sa vision utilitariste et comp­table. Tout au plus réclame-t-elle davantage de nouvelles technolo­gies et d’«anglais de communication internationale ». Mais c’est bien la gauche qui a amorcé le mouvement. Et pas seulement parce qu’une bonne part de cette gauche (le nierez-vous ?) s’est ralliée à cette vision utilitariste du monde. Il y a, bien sûr, les discours gentillets sur la nécessité de ne pas humilier les chérubins… Il y a surtout cette vieille haine des savoirs « élitistes » et « bourgeois» qui ne serviraient qu’à la « distinction » des « héri­tiers ». Merci, Pierre Bourdieu.

Du stand-up plutôt que Racine et Corneille, des « débats citoyens » plutôt que des connaissances qui construisent le jugement, un caté­chisme du vivre-ensemble plutôt que le roman national qui fonde la nation en y agrégeant tous les enfants, nouveaux venus ou non… Tout ce qu’il faut pour fabriquer des ignorants satisfaits, « à l’aise à l’oral », mais ne maîtrisant ni la langue française, ni le monde qui les entoure. Faut-il vous infliger les statistiques ? Sortez, monsieur le Président, interrogez des artisans, des commerçants, tout votre peuple qui accueille des apprentis et découvre avec stupéfaction qu’ils ne savent pas écrire sous la dictée et ne comprennent pas une recette de cuisine ou un manuel d’utilisation d’un appareil.

Droite et gauche ont depuis trente ans abandonné l’idée héritée de l’humanisme et des Lumières d’un savoir qui nous émancipe et nous transforme, un savoir qui vaut par lui-même, et non comme un prétexte au déploiement de com­pétences diverses s’exprimant à travers des « projets interdisci­plinaires », seuls capables de faire supporter l’ennui qu’inspirent les chefs-d’œuvre de la littérature ou la connaissance du règne d’Hen­ri IV. Le contenu de l’enseigne­ment ne les intéresse pas. Parce que l’institution d’hommes libres, capables de choisir leur destin en commun, ne les intéresse pas.
Voilà bien pourquoi les alter­nances électorales n’ont pas empê­ché la lente descente aux enfers et ce que Marianne a appelé le « massacre des innocents ». Voilà pourquoi Nicolas Sarkozy, qui fut élu en 2007 grâce à son discours sur l’école, la mémoire, la transmission, a trahi. Voilà pourquoi vous-même, qui avez été élu grâce à un discours, celui du Bourget, où la République illuminait chaque phrase, avez oublié vos engagements d’alors. Voulez-vous vraiment, monsieur le Président, continuer à priver les plus pauvres du seul bien qu’il leur reste, l’école républicaine ?

vendredi 5 juin 2015

Témoignage sur l’état de l’École

Par Robin Guilloux

Professeur certifié de Lettres, titulaire d'une maîtrise d'enseignement en philosophie, je suis actuellement à la retraite de l'Education nationale depuis 2010.
J'ai été professeur de Français et de Philosophie dans l'enseignement privé sous contrat, puis de Français dans l'enseignement public, après l'obtention du CAPES de Lettres.
Je ne me fais aucune illusion sur l'efficacité de mon témoignage qui recouvre une période de plus de trente ans sur tous les niveaux (collège, lycée, lycée professionnel), aussi bien dans des "lycées chics" de centre-ville (à Lyon), que dans des collèges de banlieue classés ZEP (zone d'éducation prioritaire pour les non-initiés).
Personne n'écoute les personnels de terrain et surtout pas les technocrates "progressistes" de la rue de Grenelle (le ministère de l'Éducation nationale).

Mais je commence à me faire vieux (65 ans, dont plus de trente à blanchir sous le harnais de l'Education nationale) et j'ai besoin de parler (et si sum "vox clamantis in deserto"), d'autant que je ne suis plus soumis à l'obligation de réserve et que je ne risque plus rien (sous les apparences du pays des Bisounours, l'Éducation nationale est un système totalitaire et il faut veiller à rester dans le politiquement correct).
Pendant trente ans, année après année, j'ai assisté à la destruction progressive de l'École de la République. Le processus a commencé avec la Réforme Haby en 1975 (je faisais encore mes études universitaires) et s'est poursuivi sous le prétexte trompeur de la "démocratisation de l'École".

Les "crans d'arrêt" ou, si l'on préfère, les garde-fous mis en place par la Réforme contre le "collège unique" : orientation après la cinquième, CPPN, 4ème et 3ème technologiques, redoublements, etc. ont été peu à peu supprimés par les gouvernement successifs de Gauche comme de Droite, mais avec une nette accélération à partir des années 90 et la Loi d'orientation de 89, dite, "Loi Jospin", qui a mis, comme on le sait, l'élève "au centre du système éducatif".
Ces réformes successives, appuyées par la pression du lobby pédagogiste piloté par l'inénarrable Philippe Meirieu (bien creusé, vieille taupe !) ont abouti à la situation catastrophique que nous connaissons aujourd'hui : 30 % d'élèves qui entrent en 6ème sans savoir lire et écrire correctement et qui ne possèdent pas les bases nécessaires pour effectuer un raisonnement mathématique et un collège qui ne parvient plus à combler les lacunes abyssales des élèves et dont nos responsables politiques ont décidé de "jeter l'éponge" en les transformant en "lieu de vie".

Devant cette situation, n'importe quelle personne sensée se poserait la question de l'efficacité des méthodes d'enseignement utilisées (à de rares exceptions près) à l'école primaire : méthode globale, observation réfléchie de la langue substituée à la grammaire traditionnelle, cours de vocabulaire réduits à la portion congrue, suppression du "par cœur", multiplication des "sorties éducatives", introduction massive de l'informatique, de l'éducation à la citoyenneté, de l'éducation au tri des déchets ménagers et de toutes sortes de belles choses (j'en passe et des meilleures) dont je me garderais bien de nier l'utilité (ah ! le critère de '"l'utilité" !), mais qui ont eu une fâcheuse tendance à se substituer à la transmission des savoirs, les instituteurs (pardon, les "Professeurs des Écoles") ayant été sommés de se métamorphoser en gentils moniteurs de colonie de vacances.
Mais les technocrates de la rue de Grenelle (comme tous les technocrates du monde, par exemple ceux de Bruxelles) sont tout sauf des gens sensés et obéissent à une logique particulière : le collège français ne marche pas parce qu'il y a encore trop de transmission et "d'enseignements frontaux" et pas assez de "pédagogie progressiste", variante de : "le communisme ne marche pas parce qu'il n'y pas assez de communisme !" ou "l'Europe ne marche pas parce qu'il n'y a pas assez d'Europe !"

Lire la suite et les commentaires >>>

lundi 1 juin 2015

FRANCK LEPAGE

Extrait de Inculture 2 (conférence gesticulée)
https://www.youtube.com/watch?t=123&v=LaVBD9aT7eY


CONSULTATION

La date de clôture de la consultation nationale est fixée au vendredi 12 juin 2015.
https://ppe.orion.education.fr/pole_ppe/itw/answer?1