La question de l’éthique et de la déontologie (il nous faudra ultérieurement distinguer ces deux termes) n’a jamais cessé d’être constitutivement liée au métier d’enseignant. La raison en est peut-être que contrairement à d’autres professions, celui-ci n’a pas été d’abord caractérisé par des compétences précises susceptibles de le définir, précisément, comme un métier. On le sait, pendant longtemps, la détention d’un savoir de type académique a semblé suffisante pour attester la capacité à enseigner : l’organisation des concours de recrutements de l’enseignement secondaire ( CAPES et agrégation) en témoigne.
Mais en ce cas, rien ne pouvait distinguer l’enseignant du savant ou de l’homme simplement cultivé . Il y avait donc là comme une antinomie : d’un côté, il était nécessaire de penser l’enseignement comme une profession spécifique au même titre que les autres, et même dans un sens plus éminent, plus originel (les mots « profession » et « professeur » ont la même racine étymologique) . D’un autre côté, on lui refusait a priori les attributs habituels de touteprofession, à savoir un ensemble de savoir-faire et d’ habiletés techniques.